
Discours d’ouverture et d’orientation du Président de la République à la 3ème édition de la Conférence Minière de la RDC.
Joseph KABILA KABANGE fixe L’opinion.
Les participants à la 3ème édition de la Conférence Minière de la RDC tenue à Kolwezi du 12 au 14 Septembre 2018 attendaient impatiemment le discours d’ouverture du Président de la République, Chef de l’Etat.
Après la promulgation du Code Minier, il était plus que nécessaire que le Président de la République rassure toutes les parties prenantes de sa volonté manifeste de conduire la République Démocratique du Congo vers l’émergence à l’horizon 2030, cela à travers le secteur minier, dans un contexte où les cours des métaux sont à la hausse, notamment ceux du cobalt. Dans son discours, le Président de la République, a commencé par rappeler que l’initiative de l’organisation de cette Conférence, qui est à sa troisième édition, remonte en 2013. Elle a pour objectif de mettre autour d’une table les acteurs publics, privés et ceux de la société civile afin d’évaluer la situation du secteur minier national et de lever des orientations.
Il a souligné que la rencontre de Kolwezi se tenait aux lendemains de l’entrée en vigueur du Code minier et du Règlement minier révisés, alors que l’économie mondiale est aujourd’hui dépendante des ressources minières dont regorge la République Démocratique du Congo. Le Chef de l’Etat a ensuite relevé que le secteur minier est considéré comme porteur de croissance de l’économie congolaise avant d’exprimer son souhait de voir cette croissance se refléter dans le vécu des populations, en partant des régions productrices des minerais. C’est dans ce cadre qu’il a estimé que la responsabilité sociétale des entreprises devrait désormais être considérée comme une « exigence », sinon un « impératif » et non comme une œuvre de charité. Le souci étant de parvenir à un développement durable.
Rappelant l’historique de l’exploitation minière en RDC, le Président de la République a estimé qu’à ce jour, l’exploitation minière est une activité généralisée, prospère et rentable pour les opérateurs miniers. Il a dans ce contexte évoqué la relance de l’industrie minière grâce aux mesures incitatives prises sous son règne, à savoir l’adoption du Code minier de 2002, la paix et la stabilité retrouvée. Malgré cette situation, le Président de la République a néanmoins évoqué des défis qui affectent le secteur, notamment le déficit en énergie électrique et en voies de communication reliant les sites d’exploitation et les points de sortie des produits à exporter.
Il a par ailleurs relevé les « graves lacunes » constatées du côté des Opérateurs du secteur minier ayant une incidence négative sur l’économie du pays. Il a dans ce sens évoqué le manque de plus-value des produits miniers exportés à ce jour à l’état brut, le caractère léonin de certains contrats de partenariat entre les entreprises étatiques et certains investisseurs privés, l’opacité dans les contrats de sous-traitance ainsi que différents avantages fiscaux ou exonérations concédées à ces investisseurs.
Le Chef de l’Etat est revenu sur le contraste entre la pauvreté des populations et localités environnant les sites miniers et l’embellie des cours mondiaux, et a ainsi justifié les décisions relatives à la révisitation des contrats miniers effectuée en RDC (de 2007 à 2012) ainsi que la mise en place des nouveaux Code et Règlement miniers. Pour le Président de la République, ces décisions ont pour vocation de promouvoir l’équité entre toutes les parties prenantes à l’exploitation des ressources naturelles en RDC et ainsi parvenir à l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines.
Le Président a en outre exigé la mise en œuvre effective du nouveau Code minier en ce qui concerne prioritairement :
* La responsabilité sociale et environnementale des entreprises minières vis-à-vis des communautés affectées par leurs projets ;
* Le renforcement de la responsabilité industrielle du titulaire du droit minier afin qu’aucun produit minier ne soit exporté à l’état brut ;
* La participation des Congolais dans le capital des entreprises minières et la mise œuvre de leur exclusivité dans la réalisation de la sous-traitance ;
* Le paiement effectif des droits dus à l’Etat.
Le Chef de l’Etat a par ailleurs souligné que le Gouvernement a l’obligation de faciliter les différentes opérations liées à l’activité minière en RDC grâce à l’opérationnalisation du guichet unique mais également de sécuriser les sites d’exploitation tout en luttant contre l’utilisation des enfants dans les carrés miniers. Il a encore invité les investisseurs à plus d’audace afin de prendre le risque d’explorer le reste du pays, en vue de la découverte de nouvelles ressources au lieu de s’appuyer uniquement sur l’ancien patrimoine connu de l’Etat à ce jour. Dans un autre registre, le Président de la République a indiqué que la libéralisation du secteur minier en RDC n’avait pas pour objectif d’écarter les entreprises publiques de l’industrie minière mais plutôt de leur faire bénéficier de l’appui technique, technologique et financier de la part des partenaires privés. Le Président a ainsi exprimé son soutien aux entreprises du portefeuille de l’Etat et notamment à la GÉCAMINES. Il a estimé nécessaire de réinvestir les ressources générées par le secteur minier dans d’autres secteurs porteurs de croissance tel que l’agriculture.
LES RECOMMANDATIONS
Pour terminer son propos, le Président de la République n’est pas allé par 4 chemins. Il a formulé d’importantes recommandations aux participants, pour la bonne marche du secteur minier congolais. Il s’agit de :
* l’application des dispositions du Code et Règlement Minier révisés ;
* la mise en œuvre d’une politique efficiente et efficace visant à résorber le déficit énergétique ;
* l’exécution des projets en cours visant la réhabilitation des voies de communication reliant les sites d’exploitation et les points de sortie des produits miniers ;
* la mise en œuvre d’une politique visant l’équité entre toutes les parties prenantes à l’exploitation des ressources naturelles dans notre pays, en ce qui concerne les retombées de la rente minière ;
* la création d’une bourse des matières premières en RDC ;
* la création d’une Zone Economique Spéciale au profit des utilisateurs finaux des ressources naturelles congolaises ;
* la mutation de l’actuelle conférence minière à une conférence minière internationale en RDC ;
* le réinvestissement des ressources générées par le secteur minier dans d’autres secteurs porteurs de croissance, notamment l’agriculture.
Toutes ces recommandations ont trouvé un écho favorable, car le Chef de l’Etat ne cessait d’être interrompu par des applaudissements frénétiques des participants comme pour marquer leur approbation à toutes ces recommandations. Il ne reste qu’à chaque responsable de s’approprier lesdites recommandations et les mettre en pratique.
J.R. BONGENGWA/CTCPM et
Henri MUHIYA/Société Civile